SOMMAIRE


LETTRE-MÉLOMANE 2024-05


LÉGENDE DES APPRÉCIATIONS SUR LES OEUVRES


- : peu intéressant

* : assez bon

** : bon

*** : excellent

**** : exceptionnel


Exemple pour une oeuvre en plusieurs mouvements :

Concerto (*/*/-/*)

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GOEDICKE Alexander (1877-1957)
ORCHESTRE
Ouverture dramatique C minor op 7 (1897)  icone   (****)  icone
Dans cette œuvre, Goedicke se manifeste comme un orchestrateur du plus haut niveau, notamment par sa capacité à créer des combinaisons instrumentales originales et des effets flamboyants d'une parfaite congruence sans jamais trahir la moindre discordance bruyante. La richesse thématique n'est pas moindre, par la succession de nombreux thèmes habilement variés instrumentalement. On notera un grand crescendo central sur un thème lent aux cordes s'enrichissant par une palette instrumentale de plus en plus large.
HALVORSEN Johan (1864-1935)
ORCHESTRE
Symphonie 1 (1923)  icone   (**/**/***/****)  icone
Magnifique symphonie nordique qui vaut particulièrement pour ses 2 derniers mouvements, très rhapsodiques. Le 1er mouvement se caractérise par une grande richesse thématique, en cellules motiviques très ramassées. L'intérêt cependant de ce mouvement paraît diminué par une orchestration trop touffue, parfois même un peu discordante, ce qui contraste avec celle des 2 derniers mouvements, beaucoup plus pure, limpide, légère, selon le style orchestral très nordique, qui évite les superpositions instrumentales trop importantes, notamment dans l'emploi des bois et des percussions, souvent à nu. Halvorsen excelle également dans les motifs violonistiques fulgurants qui parsèment la partition comme il excelle aussi dans les fondus de cordes. Le 2e mouvement, qui commence de manière un peu monotone, devient vers la fin plus dense, notamment grâce à un superbe crescendo.
JANIEWICZ Feliks (1762-1848)
VIOLON ORCHESTRE
Concerto 3 A major  icone   (*/*/*)  icone
Concerto sans surprise par rapport au standards de l'époque, quoiqu'on ne connaisse pas sa date exacte de composition. Il pourrait se situer entre Viotti et De Bériot. Moins virtuose que les concertos de de Bériot, mais plus que ceux de Viotti, et surtout une mise en relief du soliste plus accusée. En revanche, l'effort de renouveau réalisé sur l'orchestration par Viotti y est absent. Un symphonisme extrêmement décevant à base de formules éprouvées, notamment l'utilisation horripilante des cors. Le 1er mouvement comporte des passages à la thématique galante ultra-simpliste, mais aussi des passages, thématiquement presque pré-paganiniens, insufflant un lyrisme certain. Le 3e mouvement, très polymorphe, expose un thème principal compassé à souhait, cependant la partie centrale au contraire impose par contraste un thème rhapsodique slave excellent. L'ensemble présente donc des possibilités en germe encore noyées dans un traditionalisme musical hérité du style galant.
LOEWE Carl (1796-1869)
PIANO ORCHESTRE
Concerto 2 A major  icone   (**/***/*)  icone
Cette œuvre s'inscrit dans l'évolution du concerto de soliste pour orchestre au début du 19e siècle. Bien qu'on en connaisse pas la date, on pourrait l'inscrire vers 1830 sur le plan de la maturité stylistique au carrefour du style hérité de Hummel et de Raff par exemple. Un style pianistique très solide, tonique, qui évolue cependant dans un mode legato, cependant assez rythmique, évitant l'évanescence du recours trop constant à des gammes permanentes. Une richesse thématique évidente, quasiment constante, même pour le second mouvement lent. Ce qui déprécie malheureusement l'œuvre sont les interventions orchestrales très sommaires, très discordantes harmoniquement et surtout incongruentes avec le soliste. La relation avec le soliste est meilleure dans la 2e partie du premier mouvement où l'orchestre intervient de manière moins brutale. Elle devient favorable dans le 2e mouvement où elle est parcimonieuse, mais elle s'avère catastrophique dans le dernier mouvement, en nuance souvent forte ou mezzo-forte. Le meilleur mouvement, bâti sur un thème magnifique est le second, quoiqu'il gagnerait à être légèrement écourté.
SUPPÉ Franz von (1819 - 1895)
ORCHESTRE
Fantasia Symphonica (1859)  icone   (**/***/***/***)  icone
Le style de Suppé dans cette œuvre apparaît très nettement influencé par l'opérette et les ouvertures d'opéra: style primesautier, léger sans connotation négative. Le compositeur parvient à en tirer toute la sève en l'adaptant au style classique le plus pur de la fantaisie. Loin de discréditer l'œuvre, cette particularité stylistique lui communique un cachet très spécifique. Par ailleurs, l'œuvre se caractérise par une très grande richesse thématique: une multitude de thèmes très originaux, vigoureux, irradiants, variés sur le plan instrumental, traités avec un art symphonique accompli. Le point négatif, qui apparaît légèrement dans le premier mouvement et dans le dernier mouvement est une tendance à l'évolution vers le style fugué, lancinent, dans un continuum rythmique fatigant. Heureusement, ces parties sont limitées, cependant le dernier mouvement, en particulier, aurait certainement gagné à être largement diminué en longueur.


ŒUVRE REVISITÉE
KULLAK Théodor (1818-1882)
PIANO ORCHESTRE
Concerto en do m op 55 (1850) (****/***/****)
Le Concerto en do m de Kullak, représente à mon avis un sommet de la littérature concertiste de l'époque. Sur le plan thématique ainsi que dans l'esprit, par une certaine évocation de la noblesse, de l'élégance de l'ampleur lyrique, l'œuvre s'inscrit dans la lignée de Hummel, Fiels, Moschelès, Chopin, Ries en dépassant toutefois ces compositeurs, me semble-t-il, par une incisivité, un sens des contrastes plus marqué et, tout simplement, une virtuosité foudroyante qui préfigure celle de la fin du XIXème siècle. Contrairement à Scharwenka, Liszt, et même Litolff, Kullak évite les effets trop brutaux et n'évolue pas vers un pianisme de la puissance comme déjà celui de Dreyschock ou Raff et qui aboutira à celui de Grieg et Tchaïkovski. Le premier mouvement affirme des effets orchestraux très originaux par rapport aux œuvres similaires (Moschelès, Chopin) tout en demeurant dans le même style d'écriture (mélodies aux cordes, petits motifs aux bois). La bravoure du soliste est rompue avantageusement par plusieurs motifs lents de l'orchestre qui montrent le caractère essentiellement mélodique de l'inspiration kullakienne, ceci malgré des soli d'une complexité, d'une architecture considérable qui dépassent le pur mélodisme. Kullak affectionne particulièrement les gammes en tierces, les cascades d'accords parallèles. Ce génie mélodique, à mon avis, est confirmé par un superbe mouvement lent, empreint d'une grande sérénité. Dans le "Finale", le pianisme de Kullak s'enrichit de nombreux effets, notamment l'emploi des suites de seconde dont il tire un parti à mon avis extraordinaire comme le fera Tchaïkovski dans le troisième mouvement de son "Concerto n°1". On y décèle également des motifs qui évoquent quelque peu Gottschalk.



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À bientôt
Claude Fernandez


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